lundi 19 septembre 2011

Café de Flore: «il suffit d’un tout petit écart...», Vanessa Paradis

Après son passage au Festival du film de Toronto il y a quelques jours, Vanessa Paradis était à Montréal mercredi pour la première de Café de Flore de Jean-Marc Vallée. Le réalisateur lui a offert un personnage, Jacqueline, qu’elle évoque avec tendresse. La Presse l’a rencontrée.
 Peu importe où l’on met les yeux, l’axiome de Café de Flore se dresse et s’impose. On lit. «Il n’est pas facile de dire adieu à ceux qu’on aime ; pour y parvenir, il faut parfois toute une vie – ou deux.»

Dans le film de Jean-Marc Vallée, la comédienne Vanessa Paradis est le fer de lance de l’une de ces deux vies. Elle y devient Jacqueline, jeune femme qui accouche d’un petit garçon, Laurent, trisomique. Après un bond de quelques années, nous voilà dans le Paris de 1969. Un Paris essentiellement esthétique, malgré le bouillonnement politique de la France du moment. Jacqueline n’en a cure. Battante, résiliente, fermée à tout ce qui l’entoure, elle consacre l’entièreté de sa vie à Laurent. Chez elle, l’amour est passé d’inconditionnel à fusionnel.

«J’ai tout de suite compris le personnage, dit Vanessa Paradis, elle-même mère de deux enfants. Jacqueline m’a touchée. Je n’ai pas tout de suite déterminé comment je l’interpréterais, mais pour la comprendre, ça oui, ce fut immédiat. J’ai vu et reconnu ses intentions et tout l’amour, absolument sincère, qu’elle a pour son fils.»

Dans Café de Flore, le spectateur est catapulté sans arrêt entre deux époques, le Paris de 1969 et le Montréal d’aujourd’hui, où deux histoires se mirent l’une dans l’autre. Dans cette galerie de personnages, Jacqueline est celle qui s’ancre férocement dans la routine et le quotidien.  «C’est la seule personne du film qui fait abstraction de tout dans sa vie, poursuit la comédienne. La seule chose qu’elle voit et pour laquelle elle vit est son petit garçon. Les autres personnages parlent davantage d’eux-mêmes. Jacqueline, au contraire, est la prolongation de son fils. Elle n’agit jamais pour elle-même.»

Mais à force de vouloir ainsi s’ancrer, il y a un risque de faille. Et qui dit faille, dit abîme... «Quand on regarde jusqu’où va cet amour, on se dit que c’est terrible, poursuit Vanessa Paradis. Mais je pense que nous portons tous ce côté oscillant entre le bien et le mal. Il suffit d’un tout petit écart pour pencher de l’autre côté.»